samedi 6 juin 2015

Moi, je reste

J'entends souvent des gens autour de moi me demander pourquoi je ne quitterais pas l'Education Nationale pour faire autre chose, pour gagner plus et créer quelque chose, puisqu'on est tout le temps en train de se plaindre et que apparemment, notre métier ne fait plus rêver personne.  C'est vrai qu'on a tous vu ces couvertures d'hebdomadaires qui mettent  sur le dos des enseignants tous les soucis du monde, ou entendu ces gouvernants dire que l'école ne sait plus rien faire qu'il faut tout changer.  Encore ce matin, j'entendais à la radio que l'école ne faisait plus la place à la difficulté et qu'on laissait des enfants sur le bord de la route. Qu'on ne travaillait que pour former l'élite.


Moi je ne partirai pas.  Je n'abandonnerai pas.  Même si c'est dur.  Même si je gagne trois cacahuètes, que je rentre exténuée et frustrée certains soirs.  
Après 17 ans de classe, j'y crois encore.  Et j'espère toujours semer un petit quelque chose qui restera.  Qui restera.  Qui restera.   Je ne le vois pas toujours.  Je suis triste aussi parfois quand les anciens élèves semblent ne plus me connaitre dans les couloirs de l'école.  

Ce soir, nous sommes allés écouter Emma qui chantait avec sa chorale.  Dans ce groupe, il y a une jeune fille que j'ai eu en classe il y a maintenant 6 ans.  Aujourd'hui, collègienne,  elle a dit Emma quelque chose qui m'a un peu chamboulée.  Elle lui a dit qu'elle avait adoré cette année-là dans ma classe, qu'elle se souvenait de tout, Biscotte, son cousin Crakers, leur voyage chez les indiens.  Elle a dit  qu'ils y avaient tous cru à cette histoire de souris, même s'ils savaient bien que c'était une peluche.  

Biscotte, Molette et Crackers, lors de leur aventure en Amérique chez les indiens
C'est pour ça que je continue.  
Et même si je ne peux pas résoudre toutes les difficultés, et dieu sait s'il y en a et de plus en plus, même si on nous accuse de tous les maux, moi je reste.