Earl nous a fait une révélation pas piquée des vers. Son père sortait avec une actrice de la série "Général hospital" et elle a proposé à Earl de jouer un petit rôle dans un épisode. Sans blague. Alors on regarde le petit Earl de 10 ans jouer sa scène sur youtube.
Après cette disgression, retour au travail. Aujourd'hui, c'est organisation de la classe et la discipline d'urgence quand rien ne marche.
Pour l'organisation de classe, on réfléchit à un magasin où on déteste aller. Moi c'est Décathlon. Je déteste mais je ne sais pas trop pourquoi. Bon, il faut faire la liste de ce qui déplait dans ce lieu car, naturellement, on fait le parallèle avec nos classes. J'ai tout compris: un magasin où on aime aller nous incite à acheter plus = une classe oú un élève aime bien être l'incite à mieux apprendre.
Alors on passe tout en revue: le coin regroupement, les tables, les étagères, les affichages,
On dessine le plan de nos classes, façon cuisine ikéa sur une feuille quadrillée. Moi je ne change rien à la mienne, déjá bien chamboulée ces quelques dernières années. Et puis elle est si petite.
Pour les problèmes de discipline, on reparle du Time-out, de la chaise de retour au calme, de son efficacité si elle est bien expliquée mais aussi de ce qu'on peut faire si ça ne marche pas. Je suis déjà au top, car dans notre école, la collaboration entre collègues pour s'occuper des cas les plus réfractaires se fait déjà. Mais d'après ce que j'entends, dans les écoles américaines, ça rame un peu de ce côté-là. Et puis on peut aussi discuter avec l'élève, avec une structure bien définie pour mener cette "conference". Je l'ai fait une fois, avec un élève très intelligent qui a trouvé la solution lui-même pour s'éloigner d'un camarade avec qui il parlait trop.
Scénario sous les yeux, nous voilà en pleine réflexion. Tout se planifie, le choix des mots (le choix des mots! Tout est important) la manière d'aborder le problème, l'échéance pour en rediscuter. Je me sens un peu débordée.
C'est la fin de cette formation. Earl nous propose de passer la dernière heure à discuter ou à planifier, comme on veut. On se retrouve pour le "closing circle", ce moment oú la journée se termine, on a une dernière réflexion tous ensemble sur ces 4 jours intenses. Earl semble ému, je crois qu'il est sincère.
Ses derniers mots pour nous résonneront longtemps dans ma tête:
BE EXTRAORDINARY.
Avant de reprendre l'avion, je descends à Battery Park voir la statue de la Liberté. J'étais certaine de ne jamais remettre les pieds à New York, je suis venue tellement souvent. Et pourtant me voilà. J'ai l'impression que la boucle est bouclée.
Bilan:
J'attendais beaucoup beaucoup de ces 2 semaines. Et j'ai obtenu beaucoup beaucoup plus que je ne l'imaginais. Bien sûr, certaines choses m'ont confortée dans ce que je fais déjà, et comme je manque de confiance en moi, ça m'aide. Mais ce qui m'a le plus tourneboulée, ce sont ces evidences qui n'en étaient pas parce qu'elles ne sont jamais dites ni enseignées dans nos ESPE. Le pouvoir de nos mots, le pouvoirs du choix, et l'indéracinable conviction qu'un enfant ne peut pas apprendre si on ne lui reconnait pas le droit d'être ce qu'il est: il aime jouer, bouger, échanger et non rester assis à subir. Pour tout vous dire, si j'ai autant aimé cette formation, c'est aussi parce que j'ai bougé, joué et échangé.
J'ai retenu aussi l'importance du modelage interactif, c'est à dire, donner aux élèves l'occasion de faire l'expérience des comportements attendus. Pour tout, tout le temps.
Et bien sûr, être proactif à 80% et réactif à 20%, et surtout, prendre du plaisir, échanger, construire une communauté de classe qui cultive l'empathie, la persévérance et de solides compétences d'apprenants.
Armée de mes antisèches de phrases types à dire, ma liste d'energizers, et chargée de toute cette énergie partagée, j'attends la rentrée.
BE EXTRAORDINARY.