mardi 26 avril 2016

le voyage extraordinaire

Boom, juste comme ça, me voilà revenue de Boston, Cambridge et Newton.  J'ai tourné et retourné cet article dans ma tête avant de pouvoir commencer à raconter.
Je vous passe mon basculement inévitable d'une vie à l'autre, ce sentiment étrange quand je voyage de ne plus savoir qui je suis vraiment et où j'appartiens.  Rien ne change.

Mais quand même.  Ce voyage-là a eu quelque chose d'extraordinaire.  Bien au-delà de ce que j'en espérais.  Tellement plus que ça.

Ma copine Nelly et moi avons bien fait de partir à deux.  Ce que nous avons vu mérite bien d'avoir eu deux témoins pour être sûres que ce n'était pas des mirages (pédagogiques).
Ce billet n'est donc qu'une introduction à une série d'articles sur le sujet.

Retour en arrière:  l'année passée, je me suis demandée comment organiser ce moment de regroupement dans ma classe le matin.  Vous vous souvenez de cet article?  En achetant ce livre, "The morning meeting book", je trouvai un sens à cette séance, et puis, aussi, un sens à bien plus que ça.  En farfouillant sur internet, je trouve l'approche "the Responsive Classroom" qui se définit comme une approche émotionnelle et sociale des apprentissages et qui édite des ouvrages donc.  J'ai écrit au site internet et ai été mise en contact avec les écoles de Newton dans le Massachusetts  (car bien sûr, je savais que j'avais un point de chute là-bas), qui, de fil en aiguille, nous ont concocté une journée mémorable de visites d'écoles et de classes qui utilisent cette approche.

Arrivée à 8 h à l'Educational Center de Newton, qui héberge aussi une école maternelle.
Et de là, départ pour le voyage extraordinaire.   
Dans les couloirs de l'Educational center de Newton

Des fresques et des bas reliefs magnifiques



Dans le prochain épisode, je vous raconterai comment un instit en chaussettes rayées à changé nos rêves d'enseignantes.


mercredi 2 mars 2016

100 jours et 100 ans

Hop, voilà les 100 jours d'école qui reviennent par là. Cette année, je me la joue solo avec ma classe, les collègues ont d'autres chats à fouetter.  Je n'avais pas vraiment d'idée qui change un peu, car, n'oublions pas que ces enfants-là, à part quelques uns, ont DEJA fait la fête des 100 jours l'an passé.  
J'avais vu sur internet des collègues qui utilisent une application sur leur Ipad pour vieillir une photo et imaginer à quoi on ressemblerait à 100 ans. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça dérangeant.  Ça me suffit de me voir tous les matins dans mon mirroir!

Alors, grâce à mon tout nouveau vidéo projecteur en classe, on a regardé des photos de mamies et de papis grand format (choisis par moi sur internet, pour leur regard pétillant, leur mise en plis parfaite, leurs lunettes à chainette, leurs rides bien marquées, des têtes bien dégarnies et des vêtements bien vintage, et pas trop de sourires édentés). 
Et puis on a fait la liste de leurs caractéristiques de mamie et papi âgé.  J'avais même mis des photos de centenaires pas trop décatis qui soufflaient leurs 100 bougies  (il y en a plein sur le net).  Cheveux blancs, lunettes, rides  (comme toi maitresse!) cou tout flasque, crâne chauve, et j'en passe.  Il a fallu un peu se battre pour que chacun ne décrive pas SA mamie  (leurs mamies toutes nées dans les année 50, donc pas si mamies que ça, enfin, pas centenaires).  Et puis après, j'ai évidemment bien rigolé.  Et voici quelques-uns de leurs portaits à 100 ans.


CP

J'ai quand même plongé avec malice dans ce thème-là:  Comment serez-vous à 100 ans?
Et j'ai laissé les bambins écrire  (ou pas, car comme vous le savez, écrire pour certains relève de l'impossible).
Parmi les textes, on trouve:

Quand j'aurais 100 ans...
-J'aurai les cheveux blancs.
-J'aurai une canne.
-J'aurai mal au dos.
-J'aurai des petits-enfants.
-Je serai toujours dans mon siège et je dirai à mes enfants de prendre soin de moi et aussi de m'emmener faire les courses, et je demanderai s'ils peuvent m'emmener dans mon siège.
-Je dormirai souvent et j'aurai sûrement des cheveux blancs.  
-Je serai une MÉMÉ
-je serai dans mon fauteuil mais j'essaierai de marcher.
-Je m'occuperai de mes beaux-fils et de mes belles-filles.
-Je n'aurai plus mon permis et je serai à la retraite, je ne travaillerai plus et j'aurai des rides.
-Je dirai à mes enfants de se respecter et de se protéger.
-J'irai en maison de retraite et si j'ai des enfants, ils s'occuperont de ma maison et également de mon chien et j'espère qu'ils s'occuperont bien de ma maison.
-Je tricoterai une écharpe.
-Je me mettrai dans mon fauteuil pour regarder la télé.

Et surtout...surtout, ils ont presque tous écrit:
-J'aurai une femme de ménage

Lucides finalement.

dimanche 28 février 2016

De fil en aiguille

Il y a 8 ans, je commençais ce blog et j'avais posté ce billet-là.  C'était des petits projets coutures qu'on faisait Emma et moi, elle avait 9 ans. Et ce jour-là, quelque chose a été semé.
Puis quelques années plus tard, elle s'est mise à vouloir se faire ses vêtements.  Seule.  devant sa (ma) machine à coudre, elle a appris.  C'est devenu une activité dévorante, passionnante.  Au point que l'idée a germé de peut-être, un jour en faire son métier.
C'est vers ESMOD qu'Emma s'est tournée.  Portes ouvertes, lettre de motivation, dossier et finalement, entretien, à Bordeaux la semaine dernière.  

 Et que nous en sommes reparties, une admission en poche, après une heure d'entretien.

Ce qui a plu?  Emma.  Avec son incroyable détermination.  Et ce petit "book", dont voici quelques pages, qui la représente.  






jeudi 25 février 2016

En mission

Il y a un an, dans ce billet, je vous faisais part de ce que je voulais vraiment. Je devais être à un moment un peu creux de l'année, en fait ça m'arrive souvent en février. L'hiver a été assez long comme ça et pour survivre, je fais plein de rêves.
L'année dernière donc, je vous ai dit que ce que je voulais vraiment, c'est partir, voir ailleurs.  Cette idée ne m'a pas lâchée, et encore moins cette année car ma classe est difficile et me force à me me poser plein de questions.  Que faire, comment faire, et si on faisait autrement?

L'Education nationale ne permet pas de rêve.  Il faut aller les chercher nous mêmes pour trouver un peu d'inspiration et d'enthousiasme.  Lors de ma dernière inspection, j'avais fait part de mon envie d'aller me former ailleurs, voir d'autres façons de faire, et mon inspectrice, très à l'écoute en apparence, m'a suggéré de m'impliquer dans le projet COMMENIUS, mais je crois qu'elle n'a pas bien compris ce que je voulais.

Qu'à cela ne tienne,je pars.  Sans aide financière, sans encouragements de la part de ma hiérarchie et sur mon temps de vacances, je pars et j'emmène avec moi ma collègue Nelly qui y croit aussi.  Qui croit comme moi qu'on peut faire les choses autrement, s'ouvrir à d'autres approches pédagogiques et qui surtout, se sent enfermée dans sa classe, avec toutes les difficultés possibles et imaginables, comme moi.  On ne va pas en rester là.


Nous partons donc et allons découvrir "the responsive classroom approach" à Newton dans le Massachussets , une approche pédagogique présente dans ce livre que j'utilise pour mon regroupement du matin. Ce ne sera pas suffisant pour qu'on devienne des expertes, mais, qui sait?  Ce n'est peut-être qu'un début!
Stay tuned!  On vous racontera TOUT!

mardi 9 février 2016

Sans moi, et malgré moi

Presque 2 mois sans nouvelles!  
Je suis toujours là,  Nous avons attendu internet longtemps à la maison, et ce serait mentir que de dire qu'on a appris à vivre sans ou presque. 
Nous revoilà connectés au monde, et le blog reprend vie.   


 Comme le montrent ces éléphants, décorés comme au Sri Lanka, j'ai repris la lecture du Tour du monde d'Emile, que j'adore. On est arrivés à l'ïle de Pâques et ses Moaïs, mais c'est très différent d'il y a 5 ans quand je l'ai étudié.  Si différent à bien des égards.  Les enfants sont différents. Tellement différents.



Il m'est arrivé quelque chose à l'école la semaine dernière.  Je vais vous le raconter parce que ça illustre toute ma détresse de maîtresse.
Pendant l'atelier de lecture  (Les 5 au quotidien, dont j'ai déjà parlé dans ce blog, ici) auquel je m'accroche coûte que coûte malgré les difficultés, 2 petites filles demandent si elles peuvent lire avec moi, à la table ronde.  L'une est au CE1 et a encore besoin de consolider ses compétences de lecteur  (voilà que je parle comme une pro) et l'autre,une espiègle CP.
Les voilà qui commencent la lecture du "Filou de la forêt" d'Oliver Jeffers, mon préféré.  
Je n'en reviens pas.  Je suis de près l'élève de CE1 depuis le début de l'année car elle a encore du mal.  Mais l'autre, là, la petite fille de CP, c'est elle qui mène la lecture, qui reprend et corrige celle de CE1, et qui finalement, lit le livre sans aucun accroc, avec l'intonation.  Et je ne l'ai jamais su.

Je ne m'en étais jamais rendue compte.  Comment ai-je pu passer à côté de ça?  Comment ai-je pu ne pas me rendre compte que cette élève de CP avait appris à lire aussi bien, malgré moi? 

Vous savez, j'ai eu honte
Honte de ne pas m'en être aperçue. Oh bien sûr, elle n'a sans doute pas eu besoin de moi pour apprendre à lire. Mais je passe 6 heures par jour dans cette classe et je n'ai jamais su que cette petite fille lisait comme vous et moi. 

Alors?  Il est là mon drame.  26 élèves, 2 niveaux, un enfant handicapé, une enfant mutique, 5 enfants au moins avec de grosses difficultés, trop avec des comportements à problème, un qu'on soupçonne d'être précoce, des situations familiales inextricables et j'en passe.  

Voilà la vérité.  Il y aura toujours des enfants qu'on laisse de côté, parce qu'on est happé par les autres, plus bruyants, plus remuants, et ce n'est pas forcément ceux qui sont le plus en difficulté.  
Parmi ces enfants qu'on laisse de côté malgré nous, (on les appelle les enfants transparents) il y a ceux qui s'en sortiront toujours et malheureusement ceux qui abandonneront.

Ça m'a beaucoup travaillé cette histoire.  

Alors je cherche, je cherche comment diviser mon temps, mon espace si réduit pour que chacun existe.

Et le temps que je trouve la solution, vous n'avez qu'à regarder ces éléphants, ils sont rigolos non?










 

mercredi 23 décembre 2015

Noël....à bout de souffle

A bout de souffle et à bout de force, je me dépêche de poster ce billet insignifiant pour dire combien bloguer me manque.
Je vous montre juste quelques pages des livres de Noël que nous avons réalisés cette année.  Je travaille à partir du livre "Les petits riens" d'Elisabeth Brami , et nous en faisons un dérivé sur les 5 sens et les plaisirs de Noël.  J'ai fait ce projet plusieurs fois déjà, sous différentes formes, et avec plus ou moins d'inspiration des élèves.   Cette année, ce n'était pas la meilleure, mais pas la pire non plus.  Voici donc quelques pages.










Mais alors, pourquoi ne me voit-on plus sur ce blog?
Parce que je n'ai pas le temps.  Quoi?  Pas le temps?  Moi qui me plaignais de m'ennuyer à la maison. Oui, mais ça c'était avant de reprendre à plein temps, et avant de vendre notre grosse baraque qu'il a fallu vider, et avant d'avoir tant de difficultés avec mes élèves, au point que ça tue l'inspiration.  Moi je vous le dis.

Mais là....OUF.  Même entourée de cartons, même dans 110 m2, je suis heureuse.  J'adore cette petite maison et je mesure tout ce que j'ai enfin quitté.   Là où certains étoufferaient d'être dans une mini maison, moi je respire.  J'ouvre mes fenêtres sur la nature, je ne me soucis pas du toit qui fuit, du chauffage qui coûte cher, du ménage dont on ne voit jamais la fin, et de la grande grande solitude fabriquée par des murs trop éloignés de moi.   Tout ça doit être dû à mon enfance dans une petite maison à 7. J'avais tellement besoin de ce changement.
Quand j'ai définitivement fermé la porte de Boiscoutant, hier matin, je n'ai pas eu une larme, pas un regret.  Cette maison nous a donné tout ce qu'elle avait à nous donner.  On y a fait des fêtes et des Noël mémorables.  Ca me suffit.    

Bon et maintenant?    Un peu de vacances pour se remettre de tout ça, et on se reverra sur ce blog.  Dites-moi que vous ne m'avez pas laissée tomber comme une vieille chaussette.


mardi 27 octobre 2015

Pommes pom pidou

Avant les vacances et la mise en carton totale de notre maison, j'ai travaillé sur les pommes.  C'est classique, mais les enfants adorent ça.  On a fait des ateliers et des arts plastiques.  Et on a mangé des pommes, beaucoup de pommes.

On a observé des peintures de Paul Cézanne et j'ai apporté quelques pommes de notre jardin, un saladier et un torchon, et hop!  roule ma poule!  Voilà des natures mortes!
Evidemment, j'avais tout prévu, ou du moins c'est ce que je croyais.  Les pommes qui volent au dessus du saladier, des pommes comme des oeufs, des mini-pommes, des maxi-pommes, tout.
Mais ne n'avais pas prévu les pommes-saucisse, les pommes patates, les saladiers volants, les saladiers vus du dessus, MMmmmmm  I love my job.  On ne s'ennuie jamais.  Je ne parle même la de ma nappe.

MON saladier et MES pommes et MON torchon
Finalement, elles sont pas mal ces natures mortes.




lundi 19 octobre 2015

Moving out and moving on...

Je suis toujours là.  Mais plus vraiment non plus.
La vie a pris un drôle de tour pour nous depuis cet été.


Déjà trop de cartons

Nous avons vendu notre maison, et cet événement prend une ampleur qui nous dépasse.  10 ans que nous étions là, et tout d'un coup il faut qu'on aille ailleurs.   C'est tout ce que nous avons souhaité, mais maintenant... J'entre dans cette période où tout devient possible, une nouvelle maison, une autre vie aussi, ça apporte plein de rêve.  Mais beaucoup d'angoisse aussi.

Notre vie familiale évolue aussi, les enfants nous quittent, certains juste pour la semaine, d'autres pour de plus longues périodes, et bientôt peut-être pour une année entière.   

Que reste-t-il de notre vie d'avant? 

Ma vie de maitresse aussi change.  De retour à plein temps, je redeviens le chef du navire à part entière.  Et ça me va.  Me voilà aussi maitresse d'accueil, et je reçois des étudiants qui veulent faire ce métier.  Et qui sont enchantés de voir ma classe, et tout ce qui s'y passe.  

Non je ne ferme pas ce blog.  J'ai ressorti mes albums de Noël qui ne doivent pas être rangés dans les cartons!  
Ma vie à l'école est toujours aussi riche, mais aussi très musclée et épuisante.  Restez avec moi encore un peu !

vendredi 4 septembre 2015

La couleur des émotions




Une surprise dans ma boite aux lettres ce lundi, juste avant la rentrée des classes!  C'est Agnès, ma soeur adorée qui m'envoie de quoi alimenter mon inspiration.


Ce beau livre animé qui parle des émotions confuse qu'on peut ressentir me touche particulièrement par ses couleurs mais aussi par son thème.  Car cette année, je vais beaucoup m'intéresser aux émotions de mes bambins.  
Pour le moment, j'ai vu un peu de tout:  des pleurs de rentrée, des joies de me retrouver  (mes 3 CP que j'ai gardés au CE1) et quelques inquiétudes camouflées par des "moi je ne sais pas lire" qui donnent le ton.   Je vais encore passer une année avec toutes les extrêmes, je le sens.

Ma classe est toute petite.  C'est bien simple, je ne circule pas entre les tables et je reste coincée entre le tableau et le premier rang, moi qui ai horreur des rangs.  J'ai décidé de mettre tous les cartables dans le couloir, et comme ma collègue m'a suivie sur ce coup-là, notre côté de l'école ressemble à un terminal de Roissy Charles de Gaulle.   
Mais revenons à nos émotions.  Celles du monstre du livre, qu'on a décortiquées avec les couleurs associées.  Et puis le monstre, avec ses dents, qui habitera jusqu'à la fin de l'année sur la couverture du cahier de poésie.